Bild der Installation

Sinirlari Aşmak
Grenzüberschreitung
Le passage de frontière

Du 27 mai au 14 juin 1998

Cengiz Çekil
Nicole Eisenberg
Heinz-Otto Kamphues

Installationen · Yerleştirmeler · Installations

Vue des instalations

Dans tous les domaines, l'Art dépasse les frontières. Il a toujours eu cette attitude et cela sera démontré d'une manière concrète lors de la création des Installations par la Française, Nicole Eisenberg, l'Allemand, Heinz-Otto Kamphues et le Turc, Cengiz Çekil dans la Galerie IZFAS d'Izmir.

Ces trois artistes veulent insister sur cet aspect dans leur ouverture mutuelle et les échanges de leur identité culturelle. C'est ainsi que des zones limitrophes socio-philosophiques seront peut-être redécoupées et dépassées. Dans une atmosphère allant de la fascination au rejet, ils se sont donnés pour tâche de prendre en considération une partie de la réalité et de créer de nouveaux rapports. Chacun des trois artistes est un spécialiste dans sons genre et utilise ses propres procédés d'expression artistique. C'est porquoi, les Installations sont à chaque fois basées sur une production artistique personelle.

L'organisation et les préparatifs en vue de cette manifestation sont le résultat de la coopération à Izmir entre La Faculté des Beaux Arts, de l'Université 9 Septembre, du Centre Culturel Français et du Goethe-Institut. Nous tenons à remercier vivement la municipalité d'Izmir pour avoir mis les locaux de la Galerie IZFAS gracieusement à notre disposition.

[ Dr. Gundolf Schütze, Directeur du Goethe-Institut Izmir ]

Bu sergi İzmir Alman Kültür Merkezi, İzmir Fransız Kültür Merkezi, Dokuz Eylül Üniversitesi ve İZFAŞ Sanat Galerisi İşbirliğiyle düzenlenmiştir.
» Türkçe versiyonu

Diese Ausstellung wurde in Zusammenarbeit mit dem Goethe-Institut Izmir, dem Französischen Kulturzentrum Izmir, Dokuz-Eylül-Universität (Universität des 9. September) und der IZFAS-Galerie veranstaltet.
» Version auf Deutsch

Le passage de frontière

C'est un fait culturel et sociétal particulièrement remarquable depuis quelques années, l'interêt individuel et collectif pour l'environnement naturel connaît dans nos sociétés un profond enthousiasme. Celui-ci s'exprime de différentes manières, aussi bien à tavers des formes de revendication émanant de mouvements d'opinion politique, que pa le biais d'une recherche esthétique ou philosophique.

La littérature ou le cinéma ont largement contribué à populariser les thèmes, notamment dans les années 70, relatifs tant aux difficultés de vivre et de communiquer dans les grands ensembles urbains, qu'aux mutations sociologiques intervenues au cours du siècle à travers la désertification des campagnes et la généralisation de l'économie d'échange industriel déstructurant les solidarités traditionelles. L'engouement récent en France por les romans, un peu oubliés, de Jean Giono est tout à fait caractéristique du phénomène idéologique du retour au terroir et à la représentation pourtant erronée d'un mode de vie plus doux dont certaines revendications identitaires locales ont précédé et accompagné l'émergence. Analysant les fondement intellectuels de cette nouvelle idéologie Luc Ferry (1) a pu montrer que certains aspects de son caracère étaient à la fois romantiques dans ses présupposés et réactionnaires face au changement, alors que par ailleurs les notions et les concepts utilisés témoignaient de la plus grande confusion. En d'autres termes, il n'est pas sûr que l'image de modernité dont se revêt ce mouvement d'opinion soit véritablement la modernité (même si celle-ci prend à présent la forme de ce que certains philosophes (2) désignent comme étant la post-modernité) en tant que celle-ci se conçoit d'abord comme une approche de la compréhension du monde d'aujourd'hui et de son devenir par la raison.

Dans le domaine des arts visuels notamment, l'intérêt des artistes pour les matières relatives à la Nature et au paysage s'est révélé particulièrement prégnant ces dernières années. A cet égard, il ne peut êtres question ici de découverte mais seulement d'une réappropriation de la tradition qui, depuis Goethe et Rousseau, donne aux artistes pour ambition et projet la recherche des principes essentialistes communs entre la nature de l'art et la nature de la Nature... Précurseur de cette réappropriation culturelle dès les années 50, Joseph Beuys apparaît aujourd'hui encore comme un figure déterminante du paysage culturel dans ce domaine bien que sa disparition en 1986 ait montré qu'une bonne part de la crédibilité de son travails reposait sur son charisme personnel. Au delà et à coté, différent courants artistiques comme le Land-Art, notamment avec Robert Smithson out Richard Long, l'Arte povera en Italie avec Giovanni Anselmo ou Giuseppe Penone entre autres figures, ont exploré des territoires esthétiques voisins en utilisant des ressources parfois trés éloignées. Ces manifestations de l'esprit d'avant-garde ont eu pour principal intérêt de démarquer radicalement la création artistique, (participant en ce sens à la fondation de l'art contemporain avec les mouvement de l'art minimal et de l'art conceptuel) des pièges de l'imagerie de consommation publicitaire qui dominent aujourd'hui le champ des formes esthétiques pour le grand public.

La problématique d'un art réfléchissant sur les limites de sa propre nature et dans le même temps sur ses accointances avec la Nature, à laquelle les artistes réunis dans cette exposition Nicole Eisenberg, Cengiz Cekil et Otto Kamphues apportent leur contribution, ne peut éviter de poser la question des frontières et par là même du passage des frontières. Frontières immatérielles et théoriques pour ce qui est du sens, mais aussi frontières de substances pour le dévoilement dans le visible puisqu'il s'agit encore de faire de l'art et donc quelque part de produire un objet support de médiation entre individus. Sur le cheminement de ce fil c'est pourtant l'opposition dialectique entre les concepts territoires de nature et d'artifice, renvoyant chacun à un espace dont la cohérence lui est propre, qui est le ressort de la création des formes, des figures et des symboles dont les artistes à travers différentes propositions plastiques ont le secret de la pratique. Le passage des frontières, d'un territoire à l'autre, ne peut s'entendre dès lors qu'au moyen d'un méta-langage, c'est à dire d'un opérateur de franchissement capable de traduire respectivement ce qui est de l'ordre de l'artifice en nature, et ce qui est de l'ordre de la nature en artifice: manifestation de la dialectique, l'œvre d'art est dans cette recherche d'une langue des deux mondes sur la frontière exacte, et peut-être même dans une sorte de méta-territoire, d'où elle tend des passerelles vers les deux rives. Les matériaux de l'expérience des limites sont à la fois les plus simples et les plus essentiels à l'homme : le bois, la terre, la pierre... cependant mis au contact de l'acier ou du verre, ils se posent en support du travail proprement esthétique des artistes. Comme dans la grande tradition du profane et du sacré, le passage de frontière n'est que symbolique et il faut encore au public la capacité de s'initier aux formes concrètes de cet art de la limite pour saisir le transport des signes dans le franchissement et être transporté soi-même.

[1] Luc Ferry «Le nouvel ordre écologogique» ed-Grasset Paris 1992
[2] Notamment Adorno et Lyotard

[ Serge Graziani, Directeur du Centre Culturel Français d'Izmir ]


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